Le papillon satyre fauve des maritimes
La Ville de Beresford et son marais salé sont choyés d’être l’hôte d’une espèce de papillon unique, le satyre fauve des maritimes. Cette page vous fera découvrir ce voisin, tranquille, discret mais aussi fragile.
Notez que ce papillon se retrouve sur le logo de la ville, il symbolise l’envol et la liberté, mais aussi notre proximité avec la nature, sa fragilité ainsi que notre devoir de préservation.
Le marais salé de Beresford est unique en son genre puisqu’il abrite un papillon extrêmement rare : Coenonympha tullia nipisiquit, communément appelé le Satyre fauve des Maritimes. Suite à quelques études réalisées à son sujet, le Satyre fauve des Maritimes a été désigné espèce en péril au Nouveau-Brunswick par la loi provinciale sur les espèces menacées d’extinction en 1996. En 1997, il était reconnu comme espèce en voie de disparition par le Comité sur la Situation des Espèces en Péril au Canada (COSEPAC).
Le Satyre fauve des Maritimes est un papillon de couleur ocre foncé à ocre brun avec un ocelle sur l’aile antérieure, c’est-à-dire une tache ressemblant à un œil. Cette tâche est plus développée et plus répandue chez la femelle. Très souvent, on remarque que la couleur devient brun grisâtre au niveau de la bordure de l’aile avant et presque tout le dessus de l’aile arrière.
En vieillissant, les mâles deviennent de plus en plus foncés. Les ailes du Satyre fauve des Maritimes ont une envergure d’environ 3,4 cm pour les mâles et de 3,6 cm pour les femelles. Il arrive très souvent que le Satyre fauve des Maritimes soit confondu avec son cousin, le Satyre fauve.
Le Satyre fauve des Maritimes est un papillon unique à bien des égards. Tout d’abord, il est l’une des deux espèces de papillons au Canada qui vit exclusivement dans les marais salés, l’autre étant le Cuivré des Marais (Lycaena dospassosi). À ce jour, on dénombre 8 sites dans le monde où l’on retrouve le Satyre fauve des Maritimes. Ils sont localisés au nord du Nouveau-Brunswick et dans l’est du Québec. Au Nouveau-Brunswick, ces sites sont regroupés autour de la Baie des Chaleurs, la plus grande population se retrouvant ici même, dans le marais salé de Beresford, à l’embouchure de la rivière Peters. Il existe aussi deux autres colonies à proximité de Bathurst, soit une à la Pointe Daly et une plus petite à la Pointe Carron.
Dans la région de Québec, trois sites ont été relevés, dont deux près de Miguasha et un autre près de la municipalité de St-Siméon-de-Bonaventure. Il y aurait eu, depuis peu de temps, une autre observation de ce papillon dans la région de la Gaspésie, mais peu de détails sont disponibles sur cette population. Malgré le manque de données sur le sujet, on croit que les populations de Satyre fauve des Maritimes au Québec sont très petites.
Comme toute espèce, le Satyre fauve des Maritimes a des besoins spécifiques en ce qui a trait à son habitat. Tout d’abord, ce papillon se limite strictement aux marais salins et aux prairies saumâtres où l’on retrouve les plantes nécessaires à sa survie : la Verge d’or toujours-verte (Solidago sempervirens), la Lavande de mer (Limonium nashii) et la Spartine étalée (Spartina patens). La lavande de mer est la principale source de nectar pour les adultes alors que la Spartine étalée est vitale pour le développement de la chenille, offrant nourriture et abri.
Il a été noté que la taille de la population de Satyre fauve des Maritimes varie avec le type de plantes que l’on retrouve dans le marais salé. Aussi, la densité de la population adulte évolue selon la quantité de Spartine étalées et de Lavande de mer retrouvées dans le marais salé.
Le Satyre fauve des Maritimes connaît quatre stades de croissance, soit le stade de l’œuf, de la chenille, de la chrysalide et de l’adulte.
Œufs
Un nouveau cycle débute lorsque le papillon atteint le stade adulte. Il est alors prêt à se reproduire. À ce moment, il volera lentement au-dessus de la Lavande de mer, à la recherche d’une femelle. Cette saison de vole s’étend de trois à quatre semaines. Une fois l’accouplement terminé, la femelle commence à pondre ses œufs sur la plante hôte des chenilles, soit la Spartine étalée. Elle peut pondre jusqu’à 24 œufs à la base de cette plante. Les œufs écloront 10 à 24 jours plus tard.
Larves
Après l’éclosion des œufs, des petites chenilles voient le jour. Celles-ci se nourrissent de la Spartine étalée jusqu’à la fin du mois de septembre. À ce temps, la chenille arrête de manger et s’enfouit dans la litière à la base de la plante pour y passer l’hiver. Elle devra alors supporter des températures atteignant les -20°C et des inondations périodiques d’eau salée occasionnées par les tempêtes. Au printemps suivant, après avoir subi plusieurs mues, la chenille atteint une taille maximale de 2,3 cm. Elle est de couleur verte avec des rayures longitudinales jaunes.
Chrysalide
Au milieu de l’été, la chenille se cherche un site pour la nymphose, processus par lequel les structures larvaires sont réorganisées en structures adultes. Habituellement, la chenille se place à la base de la Spartine étalée, accrochée à une tige d’herbe à l’aide d’un tampon de soie. Elle se transforme alors en chrysalide (ou nymphe). La chrysalide est de couleur bleu-verte, rayée de barres noires. Cet état dure environ dix jours.
Adulte
Lorsque le papillon sort de la chrysalide, il est complètement formé. Le Satyre fauve des Maritimes mâle émerge de son enveloppe en premier et part aussitôt à la recherche d’une femelle. On estime qu’un mâle peut parcourir jusqu’à 100 mètres avant de trouver une femelle réceptive. Le papillon adulte doit se préoccuper de la reproduction de son espèce afin d’assurer la survie du Satyre fauve des Maritimes puisque la durée de ce stade est assez courte. En effet, l’adulte ne vit pas plus d’une semaine.
Menaces
Le Satyre fauve des Maritimes fait face à plusieurs menaces, aussi bien naturelles qu’anthropiques. Tout d’abord, quel que soit le stade du cycle de vie du Satyre fauve des Maritimes (œuf, chenille, ou chrysalide), aucun n’est à l’abri lorsque survient une tempête. Chacun des stades est impuissant face à la force de l’eau des inondations.
Dernièrement, les populations de Satyre fauve des Maritimes dans les marais salés de Beresford et de la Pointe Daly ont diminué en nombre. Il est possible que les inondations en soient la cause. Toutefois, la population située près du Village Historique Acadien ne semble pas avoir été troublée par ces mêmes inondations. Au contraire, cette population connaît un accroissement.
La glace est un autre élément pouvant interrompre le cycle de vie fragile du papillon. Les glaces, poussées dans le marais durant les tempêtes d’hiver, écrasent les larves hivernantes, contribuant ainsi à la baisse des effectifs. D’autre part, le développement urbain des régions entourant les marais salés est un autre facteur menaçant pour le papillon Satyre fauve des Maritimes car son habitat est directement affecté. Par exemple, depuis plusieurs années, les propriétés situées le long du cordon littoral ainsi que ceux longeant les rives du marais salé de Beresford sont devenues de plus en plus recherchées par les vacanciers. En plus d’envahir et empiéter sur l’habitat du papillon, cette situation amène d’autres problèmes tels que l’altération physique des cours d’eau affectant ainsi le flux et le reflux de l’eau du marais. Conséquemment, cette situation entraîne des modifications de l’habitat du Satyre fauve des Maritimes. Cet empiétement augmente aussi le risque de contamination de l’eau douce ou salée par des produits nocifs tels que des huiles, des pesticides ou des détergents. Cette pollution de l’eau est une menace réelle pour les larves et les chrysalides du papillon.